Histoire de Grazac (Haute-Garonne)

Immersion dans le passé d'une commune du Lauragais

Contenu historique complet

Introduction

Essai d'historique de la commune de Grazac 31190, à l'aide d'archives rassemblées, aujourd'hui disponibles en grande partie sur internet.

Réalisation : 2023   |   Mise à jour : 26/05/2025

Voir le résumé historique de Grazac

 

Géographie

Grazac est une commune rurale de 717 ha pour 762 habitants située à 32 km au sud de Toulouse, à la frontière ouest de la région culturelle du Lauragais. Elle est majoritairement située sur des coteaux dominant la basse vallée de l'Ariège, face à Auterive et Cintegabelle. Elle est également entourée de Mauressac au Nord, Caujac au Sud et Esperce à l'Est. Administrativement, elle fait partie de la communauté de communes du Bassin Auterivain, et est aussi située à seulement 3 km du département de l'Ariège. Sa particularité est sa couverture forestière importante (32 %) dans une région peu boisée. Sa forêt est principalement constituée de petites parcelles privées. On y trouve cependant des bois communaux de 26 ha. Les essences sont des chênes en taillis mélangés de futaie, associés à des feuillus divers et de rares conifères introduits. Depuis 2010, une grande partie de la commune est inventoriée en ZNIEFF2, c'est à dire que des espèces menacées ou rares y ont été recensées (plan, fiche).

En terme de paysages, la partie coteaux est nommée Les Collines du Volvestre, et la partie plaine La Vallée de l'Ariège.

Toponymie. Antiquité

L'origine de son nom n'est pas connue. Le toponyme peut être issu du nom d'un propriétaire gallo-romain Gratius, suivi du suffixe -acum.

Les Celtes Volques Tectosages originaires de Bohême arrivèrent dans la région au 3e siècle avant JC, remplaçant les premiers agriculteurs probablement Ibéro-ligures qui vivaient dans des villages fortifiés.

Les Romains les suivirent de peu au 2e siècle avant JC. Bien qu'on n'ait encore trouvé aucun vestige archéologique romain sur les coteaux de Grazac, on en a retrouvé à peu de distance dans la plaine d'Auterive, dans des lieu-dits qui dépendaient d'ailleurs autrefois de la paroisse de Grazac : Les Monges et les Murailles à 500 m de Grazac, la Vernière et le Purgatoire à 2 km : notamment une villa. Sur le site du lycée ont été retrouvés les vestiges d'une zone commerciale et portuaire gauloise et gallo-romaine (2e siècle avant-1er siècle après JC) qui devait diffuser ensuite dans toute la région (nombreuses amphores de vin). Des poteries ont aussi été trouvées à Caujac. Grazac était alors située en Gaule Narbonnaise, renommée vers 300 en province de la Narbonnaise première.

Une voie romaine longeait à la Vernière l'Ariège, qui fut juqu'au 19e siècle la seule vraie route de la vallée (aujourd'hui D 820).

Les plus anciennes dénominations écrites viennent du Cartulaire de l'abbaye de Lézat traitant de l'acte de fondation de la paroisse de Mauressac daté de 859 (ou 902 selon certains) : Grazago (latin médiéval) c'est à dire Grazagum, et Cucudago c'est à dire Cugudagum (lieu à Grazac ou près de Grazac côté Mauressac).

Plus tard au début du 12e siècle, toujours dans le Cartulaire, on voit aussi écrit : Grazacum, Gradaco, Gradag, Grasaco, Grazaco, et lieu-dit Pagèse/Pagesa (qui existe encore aujourd'hui). On note aussi Grézac au 14e (archives du Chapitre de Saint-Étienne de Toulouse), Grissac au 15e, Gresac en 1544 (ordonnance du Sénéchal de Toulouse), Grézac au 17e (compoix de Grazac), Gressac sur un acte de l'abbaye de Calers (portant sur les destructions des Huguenots) et Gresat en 1706 (Carte du diocèse de Toulouse).

La fin de l'Empire Romain

Vers 408, Toulouse fut assiégée en vain par les forces Vandales qui, fuyant les Huns, traversèrent la région du nord au sud vers l'Espagne. Il est possible qu'ils aient emprunté la vallée de l'Ariège.

En 418, les Wisigoths (dirigés par Wallia) s'intallent pacifiquement dans le pays toulousain et le grand sud-ouest jusqu'en Espagne grâce à une alliance avec les Romains. Ce royaume qui dura 90 ans deviendra indépendant lors de la déposition du dernier Empereur à Rome en 476. Les Wisigoths pratiquaient une autre forme de christianisme que celui officiel du Concile de Nicée de 325. Le christianisme était présent à Toulouse depuis le premier évêque Saint-Saturnin vers 250. Devenu autorisé en 313, avec une première église construite en 403 (site de Saint-Sernin), il ne se diffusa que lentement dans les campagnes pendant plusieurs siècles. Différentes croyances cohabitaent. Les Wisigoths furent chassés de Toulouse par les Francs catholiques en 508 (dirigés par Théodoric Ier, fils de Clovis) qui mirent à sac la ville et contrôlèrent la région.

Moyen-Âge

Aux 6e et 7e siècles (très haut Moyen Âge ) la plaine agricole de l'Ariège que domine Grazac était un marécage de bois et de friches très peu habité par de pauvres gens. Au sud la forêt de Boulbonne s'étendait de Cintegabelle à Foix sur 300 km2. Les coteaux étaient également abandonnés aux bois et landes. L'effondrement de l'empire Romain avait en effet été suivi d'une forte baisse de la population. D'autant qu'au 6e siècle sévit la peste ainsi qu'un climat cahotique lié à un refroidissement général. Les grands défrichements, avec l'augmentation de la population, eurent lieu du 11e au 13e siècle. La forêt était alors peuplée entre autres de loups et d'ours.

Au 7e siècle la région fit partie du nouveau Duché d'Aquitaine et de Vasconie dont le duc le plus connu fut Eudes (Eudo). Le 9 juin 721, il gagna la bataille devant Toulouse contre les Arabes Omeyyades, venus d'Espagne par Narbonne (conquise en 719) et Carcassonne. Une légende locale dit que parmis les fuyards de l'armée Sarrasine certaines furent massacrés non loin à Grépiac au ruisseau du Massacre.

En 778 fut créé le Comté de Toulouse par Charlemagne. Ses limites furent calquées sur le diocèse de Toulouse.

Maillage autour de l'Abbaye de Lézat

Depuis peut-être le 10e siècle, les premiers “seigneurs” de Grazac furent les Abbés de l'Abbaye de Lézat (12 km à pieds à l'Est) fondée aux alentours 844-950 (l'Abbé Garin la dirrigea de 960 à 998), sous le contrôle lointain des évêques de Toulouse (Hugues de 928 à 973) et dans une moindre mesure des Comtes de Toulouse. Le peuplement s'organisait autour des églises nouvellement construites, et les châteaux étaient rares. Les biens appartenaient alors à l'Abbaye, et les revenus de l'église lui étaient versés. A Grazac des moines prêtres représentaient l'Abbaye.

Ainsi en 859 ou 902 l'acte de fondation de la paroisse de Mauressac, voisine de Grazac, indique que les terrains donnés pour la future église par la dévote Ermentrude et son fils Egofredus (des laïcs), sous l'évêque de Toulouse Salomon, étaient composés de terres labourables, vignes, bois et forêt. Le fait que Grazac y soit nommée pour la première fois indique qu'il y avait déjà quelques habitants plus ou moins organisés.

A la même époque l'évêque de Toulouse possédait l'église (et les biens) de Cintegabelle, qu'il donna à un de ses clercs en 948, peu de temps avant la création du premier château.

Au 11e siècle la réforme grégorienne sépara progressivement le clergé des seigneuries. Au lieu d'une gestion directe, l'Abbaye commença à recourir à des intendants ou fermiers qui devinrent les “seigneurs de village” et furent à l'origine des petites familles féodales de la région. Le peuplement s'organisa autours de nouveaux et nombreux petits châteaux fortifiés (castrum, fortin de bois sur une butte de terre). Le pouvoir des Comtes se vit renforcé. On passa progressivement à un système féodal classique.

Néanmoins il semble que cette réforme arriva plus tardivement sur Grazac, au 13e siècle. On cite dans le Cartulaire de Lézat les moines Raimundus (Raimond) de Grazac en 1126 (donc présence d'une église), Raimundo de Grazac en 1140, Raimondus de Grazac en 1161 (peut-être le même personne). Un autre ouvrage cite le chanoine Léonard de Grazac en janvier 1167.

Dans un acte de 1174 un Arnaud et un Arnaud Guillaume (seigneurs locaux) donnèrent leurs parts sur l'église de Saint-Orens, dépendance de l'église de Grazac (située au bord de l'Ariège au lieu-dit le Purgatoire, en face de la route de Caujac, à l'emplacement d'un ancien temple romain) à Me Mascaron (apparenté aux coseigneurs d'Auterive) chanoine de l'église Saint-Étienne de Toulouse (et non de Lézat). On trouve ensuite en 1183 dans le Cartulaire Arnaldus (Arnaud) de Grazac (peut-être le même Arnaud que cité en 1174) qui donna ses possessions sur l'église de Montania (située peut-être au sud de Muret).

Féodalité et premier château de Grazac

La première mention du castrum de Grazac date de 1236. Probablement érigé peu de temps avant, à la fin de la période très troublée de la croisade contres les Albigeois (1209-1229). Les châteaux de Caujac et la bastide d'Esperce furent construits à la même époque. En effet en 1211, la vallée fut pillée, et l'ancien village de Caujac détruit et brûlé (église Sainte Julienne de Verzil, mentionnée depuis 1079, et le lieu-dit Verzil depuis 962). Le village fut reconstruit environ 1 km plus loin autour d'un castrum et d'un mur d'enceinte, château dont l'investiture est attestée dans les Cartulaires en 1243. Aujourd'hui le lieu-dit Sainte-Julienne est limitrophe du sud du village de Grazac (Fourcade/Rieutarel), entre le nouveau cimetière de Caujac Route d'Esperce et le ruisseau de Larrogue. A contrario le premier castrum de Cintegabelle date du 10e siècle et celui d'Auterive du 11e siècle.

L'emplacement du premier château de Grazac n'est pas connu, mais il était peut-être situé au même emplacement que son successeur, sur une petite hauteur derrière le bourg (aujourd'hui chemin du château). On peut aussi imaginer qu'il était en promontoire dominant la vallée comme l'église actuelle.

Dans le sytème féodal, le suzerain donnait des fiefs à ses vassaux (les seigneurs) sous forme de contrat. Un 3e pouvoir spécifique au sud de la France, le consulat, était une sorte de conseil municipal autonome vis à vis du seigneur. Il était constitué principalement de notables. Au 13e siècle on trouvait des consuls dans les villages voisins d'Esperce et de Caujac. A Grazac leur première mention dans les archives date du 18e siècle.

Suzerains

On peut supposer que les premiers suzerains du petit bourg de Grazac furent les même que ceux de la cité voisine de Cintegabelle. Au gré des guerres et des alliances, ce furent d'abord les comtes de Toulouse, les comtes de Carcassonne à la fin du 10e siècle suite au démembrement du grand pagus carolingien de Toulouse (d'abord Roger 1er de Carcassonne dont son fils aîné Raymond Roger reçut lors de sa succession entre autres la zone de Cintegabelle, pour finir Bernard Aton IV Trencavel et son fils Raimond Ier Trencavel), les comtes de Foix par mariage en 1151 (Roger-Bernard Ier de Foix), et enfin à nouveau les comtes de Toulouse en 1236 (Raimond VII). Ceci dans le contexte de la période troublée de lutte armée contre le catharisme (1209-1255), qui se termina par la reprise en main par le Royaume de France du comté de Toulouse (donc de Grazac) jusqu'à son annexion en 1271.

Seigneurs

D'une manière générale, la liste des seigneurs entreprise ici se base sur des sources plus ou moins vérifiables. De plus les châteaux étaient souvent en paréage, une sorte de copropriété entre plusieurs nobles dont chacun avait une part. Enfin, les seigneurs possédaient souvent des parts dans plusieurs seigneuries des villes et villages alentours.

Un ouvrage de 1888 indique qu'en septembre 1225, Bernard-Jourdain de l'Isle donna en fief à Bérenger de Mascaron la seigneurie de Grazac.

Le plus ancien seigneur certifié de Grazac fut Bernard Amiel de Pailhès du château de Pailhès dans le comté de Foix. (à 32 km au Sud, une journée de marche). Il tenait du comte de Toulouse les châteaux de Sainte Gabelle et de Grazac et les avait remis en fief à Sicard de Miremont (1210-1287). Une sorte de sous-location.

Le 15 mars 1236, Bernard Amiel cèda au Comte Raymond VII de Toulouse son droit de suzeraineté dont le château de Grazac et Sicard devint donc vassal direct de Raimond VII. En 1244 Sicard de Miremont vendit pour subvenir à ses besoins sa part du château de Sainte Gabelle (et donc probablement de Grazac) à Raimond VII.

Sicard de Miremont, fondateur du château de Burguerolles à Miremont, était marié à Englésia. Leur fils Sicard II de Miremont épousa vers 1230 Honor de Durfort de Saint-Sernin qui d'après cette biographie "devint dame de Grazac dont elle possédait le château" cf Fond Latour Histoire de Miremont de Mauroux. Le couple mourut la même année 1287. Le sarcophage de Sicard II se situe aujourd'hui dans l'église de Lagrâce-Dieu et celui d'Honor à l'église de Miremont (depuis sa restauration en 2013). Il est donc probable qu'alors ils ne possédaient plus le fief de Grazac.

Plus localement le lieu-di Pagèse, en contrebas de la côte de Grazac, est cité en 1242 dans un Cartulaire tardif de l'Abbaye de Lézat. Il indique que "Raimond Rufeti de Mauressac possède la chaumière de Pagesa (Pagèse) qui fut celle d'Arnaldi Molneri et qui appartient au même abbé et la terre tenue par les fils de Bernard Carbonelli".

En 1283, par une dernière donation par des habitants de Cintegabelle, le Chapitre de Saint-Étienne détint tous les fruits décimaux de l'église de Saint-Orens.

En 1312, après le décès du dernier desservant, Me Guidon, c'est Me Guillaume d'Ambat, "prêtre et procureur du Chapitre de l'église métropolitaine de Toulouse" qui prend possession "de l'église parroissiale de Grézac (Grazac) et de St Orens prèz d'Hauterive, son annexe, (...) estant ledit Chapitre seul collateur de ladite rectorie". (extrait de Le Canton d'Auterive, Louis Latour et Aret 31, p.139-140)

En 1317 la paroisse de Grazac intégra le nouveau diocèse de Rieux, situé à 28 km à pieds (une journée de marche) à l'Ouest. Grazac était à la limite Nord-Est du diocèse. Auterive Saint-Paul dépendait du diocèse de Toulouse et la cité de Cintegabelle du diocèse de Mirepoix. Ces créations et remaniements de diocèses ont été décidé à la suite de la lutte contre le catharisme afin d'être plus proches des territoires.

Famines, pestes et Prince Noir

A cette époque eurent lieu des famines dûes aux récoltes déficitaires (aléas climatiques), notamment de 1302 à 1304, 1310, et 1343.

En 1348 arriva dans la région le grande peste noire, qui tua la moitié des habitants.

Le mardi 17 novembre 1355, le Prince de Galles (Prince Noir) revint de son raid de pillages en passant dans la plaine à Cintegabelle, Auterive, et passa la nuit à Miremont. Les Grazacois purent certainenemnt apercevoir au loin cette armée de 10000 hommes et les incendies.

En effet le Prince Noir, venu de Belpech, avait d'abord rencontré en matinée Gaston III Fébus, ennemi du Roi de France et donc allié, à l'abbaye de Boulbonne au sud de Mazères (abbaye déplacée depuis à Cintegabelle). Gaston Fébus avait accompagné les Anglais sur ses terres à Mazères, Calmont et jusqu'à Tramesaygues, qu'ils épargnèrent. Par contre Cintegabelle fût attaquée, en partie brûlée et son seigneur, Pierre de Campellis, prisonnier et probablement rançonné.

Puis ils détruisirent les faubourgs d'Auterive sur les 2 rives (en empruntant le pont) dont 2 monastères (Sainte-Claire aujourd'hui site de la Manufacture Royale et Notre-Dame de la Merci, aujourd'hui site d'Utile) en épargnant la cité fortifiée. Le lendemain matin 18 novembre le Prince Noir quitta Miremont en l'incendiant, monta par Auribail, traversa la Lèze, passa vers Montaut et traversa la Garonne près de Noé.

C'est à cette époque que l'église de Saint-Orens fut détruite, probablement par les Anglais (mais son cimetère fut encore utilisé pendant 3 siècles). La paroisse annexe de Grazac sera alors l'église de la Madeleine, au bout du pont d'Auterive. Ironiquement jusqu'à mi-2022, le centre du site du cimetière de St Orens était occupé par un poteau électrique en forme de croix (vue depuis l'autre berge).

A partir de 1359 la Province du Languedoc où se situe Grazac s'organisa en vraie institution politique, et ce jusqu'à la Révolution.

Mais les troubles de la guerre de Cent Ans continuèrent dans le voisinage du bourg de Grazac. En 1359 Gaston III dit Fébus (Phoebus : Apollon, soleil personnifié) rival du Comte d'Armagnac et du roi, pilla Cintegabelle, 4 ans seulement après les Anglais.

En 1363 Cintegabelle et Auterive furent ravagées par 2000 routiers menés par les capitaines Spenca et Bertaqui.

La Monographie de l'instituteur de Rieux de 1885 liste les calamités naturelles locales du 14e siècle : famine de 1310 suite aux pluies d'été, "les pauvres furent obligés de brouter l'herbe comme les animaux", "en 1336, après l'apparition d'un comète, un orage affreux se déchaîna sur la contrée et une maladie épidémique fit périr une infinité d'habitants". Il continue sur une autre page avec les ravages de la peste, le terrible hiver 1571 (60 jours de neige) et autres.

En 1458, Jacques (2e) Ysalguier, de la riche famille d'Auterive, détenait en totalité la seigneurie de Grazac ainsi que des parts sur la pluspart des villages autour d'Auterive. Son père Jacques avait acheté des parts la baronnie d'Auterive et s'y était installée en 1361.

Les Grazacois devaient chaque année au seigneur de l'argent pour les tenanciers, et pour chaque habitant 13,3 litres d'avoine et une paire de poules. Le seigneur possédait en propre à Grazac : 10 à 12 arpents de vignes (6 ha), 10 à 11 arpents de prés (6 ha), des terres cultes et incultes, des biens vacants, une forêt en devès (interdite). Poids et mesures en pays toulousain.

En 1482, son fils Barthélémy Ysalguier était seigneur de Grazac et Esperce.

Epoque moderne. Age d'or du Pastel

A la fin du 15e et début du 16e siècle eut lieu le miracle économique du Pastel. Sa culture est attestée dans les communes voisines, Mauressac, Auterive, Cintegabelle, mais aussi Grépiac et Auragne. Il est probable que Grazac en eut aussi sa part. Mais ce commerce commença à péricliter à partir de 1560 et plus encore après les guerres de religion en 1569.

Au tournant de 1500 le seigneur de Grazac était Mathieu Ysalguier. En 1532 les Ysalguier, ruinés progressivement depuis 1460, vendirent leurs derniers biens à Auterive. Ils conservèrent néanmoins plus longtemps la baronnie de Grazac. Autour de 1550 Guinot/Guy Isalguier/Ysalguier était seigneur de Grazac (Inventaire AD 31 p.226 et 372).

Vers 1560 une source indique que Magdeleine de Roquefort était "dame d'Esperce et de Grazac". Elle est née vers 1545 et ses armoiries sont représentées dans une maison de Lézat. Elle épousa Arnaud de Plaignes.

Néanmoins Jean Ysalguier semble le seigneur principal du château de Grazac lors de sa destruction en 1569. Mort en 1596, il fut le dernier seigneur Ysalguier de Grazac.

Destruction de Grazac

1569, guerre de religions : "Un des principaux chefs huguenots, Gabriel de Montgomméri chargé de porter secours à la reine de Navarre menacée par les armées de Montluc, concentre à Castres les troupes protestantes des "vicomtes" (Bruniquel, Paullin, Montclar, Caumont); 4000 arquebusiers, 500 chevaux, des "argolets" (arquebusiers à cheval). Cette armée s'élance vers le sud pour secourir la place de Navarrenx assiégée (ouest de Pau). Le 28 juillet 1569 elle entre à Mazères bousculant un détachement de cavalerie du comte de Négrepelisse dont les arquebusiers parvinrent à protéger la place de Cintegabelle.

L'armée protestante passe l'Ariège au gué d'Ampouillac. Et la soldatesque des "vicomtes" ruine Grazac et Esperce. Partout fermes incendiées, récoltes détruites, églises endommagées."

Auterive fut prise en 1574. Gaillac, Saverdun, Calmont étaient aussi sous contrôle protestant. Seule Cintegabelle résista.

En 1578 l'étreinte se desserra quand une expédition partie de Cintegabelle reprit Saverdun et Gaillac aux protestants. Pour Grazac on ne sait pas.

En cette période encore troublée dans les côteaux, d'après cet article, en 1595 Jean Ysalguier baron de Grazac prêta de l'argent au 1er consul de Gaillac-Toulza pour son voyage à Saint-Sulpice-sur-Lèze afin de convaincre l'armée royale d'épargner Gaillac (époque de la Ligue contre Henri de Navarre).

L'Edit de Nantes de 1598 mit fin, pour un temps, à cette guerre.

Reconstruction. Comtes de Grazac

Aux alentours de 1600 le ruisseau de La Mouillonne et les ruisseaux secondaires furent canalisés, faisant disparaître les marais et rendant la plaine propre à l'agriculture, malgré des innondations ponctuelles. A la même époque en 1599 le pont d'Auterive fut détruit par une crue et ce pour une période de 233 ans. Grazac fit partie des paroisses alentours imposées en blé pour payer sa reconstruction, reconstruction qui n'eut finalement pas lieu.

Vers 1600 également "le sénéchal de Toulouse, François Chalvet de Rochemontès / Rochemonteix, baron de Merville, jouissait d'un fief de 135 arpents dans Grazac" (69 à 77 ha).

Le château de Grazac fut reconstruit au 17e siècle mais mais ce n'était plus un fortin, seulement un riche logis de Seigneur.

Au début du 17e siècle la famille de Noël acquit la baronie de Grazac : D'abord Michel (1588-1667) "bourgeois de Toulouse, conseiller au parlement (exemple en 1652)" (portrait au musée des Augustins) puis son fils Simon. On peut supposer que c'est Michel de Noël qui fît construire le second château de Grazac (peut-être à l'occasion de son mariage avec Catherine de Buet en 1617). De même l'église actuelle et les plus anciennes maisons de la place du village datent de cette époque. On note une mention du château de Grazac en 1656 où le curé de Lissac Pierre Laroche (né à Puydaniel) a fait son premier testament.

Le compoix de Grazac du début du 17e siècle est une sorte de cadastre avec noms des propriétaires, désignation des biens et leur valeur pour l'imposition. Les terres des nobles n'étant pas imposées, elles étaient rarement notées sur le compoix. Ici une petite exception : Jean de Montault, probablement descendant de la famille Montaut qui domina la région d'Auterive jusqu'au 14e siècle. On y note aussi le bassin de Purgatoire, peut-être le lieu-dit situé aujourd'hui à Auterive (proche du lycée).

En automne 1653, la peste, qui ravageait sporadiquement la région, fit sa dernière grande apparition dans la cité voisine de Cintegabelle qu'elle ravagea pendant un an. Il est très probable que Grazac fut aussi touchée.

Durant la majorité du 17e siècle les troupes royales fréquentèrent fréquemment la route de la vallée, en particulier lors de la guerre franco-espagnole de 1635 à 1659, où elles faisaient étape à Cintegabelle à ses dépends.

Au sujet des de Noël, on note une histoire insolite en 1668 d'un procès entre la veuve de Michel de Noël et sa bru concernant l'argenterie disparue du château de Grazac (voir cet extrait de "Le lion et le moucheron - Histoire des marranes de Toulouse" (extrait à nombre de consultations limité).

Les Advisard (Dadvisard, D'Advisard) devinrent barons de Grazac en 1680 par mariage avec Marie de Noël (contrat de mariage en 1677), fille de Simon de Noël. Généalogie : ouvrage 1911, Wikipedia et Geneanet, blason. Il y eut Joseph (1642-1694), Claude (1678-1738), Pons (1707-1772) et Alexandre (1748-1817). Ils étaient Présidents à mortier au Parlement de Toulouse où ils avaient aussi résidence. Leur ancêtre avait été conseiller du Roi Henri III à Paris un siècle avant.

En 1756 la Mouillonne débordait et tous les ans presque toutes les récoltes étaient perdues. Une requête fût faite à l'Intendant du Languedoc pour recreuser et élargir le ruisseau. Il y était conseillé, entre autre, "d'adosser une ou deux arches au pont de Grazac", pont situé "auprès de l'enclos de monsieur le président d'Avizard".

En 1760 une Supplique à l'Intendant du Languedoc présentait les "devis des ouvrages qu'il convient de faire pour prévenir les inondations du ruisseau de Mouilhonne", et indiquuait que la chaussée du moulin de Vivier était "une des causes principales des inondations de la partie supérieure du lieu de Mouilhonne". En 1771 le seigneur du Vivier était opposé à sa destruction (lieu-dit Viviès à Miremont).

Le 20 juin 1768, cette délibération du conseil municipal (délibération consulaire) fait mention des inondations de la Mouillonne et qu'"il convient de faire la coupure de la Mouillonne à Caujac". Un Plan non daté indique justement les travaux prévus sur le canal de la Mouillonne à Caujac. On y voit l'ancien lit, le lit projeté du haut est le lit actuel, le canal du bas n'a pas été réalisé. On y voit les "maisons" Mousens (avant construction du château) et Flau.

Révolution et soubresauts royalistes

Joseph Picquié fut le premier maire de la commune de 1790 à 1822. Il habitait au hameau Rouge la maison de maître datée de 1706 (date inscrite sur le linteau de porte). Son père Pierre Paul était déjà consul de Grazac en 1768, et des Picquié habitaient déjà Grazac depuis au moins le début du 17e siècle (compoix). Joseph était avocat et notaire et possédait aussi des biens à Toulouse et Rieux. Sa première fille était aussi nommée "Picquié de Rouge".

En janvier 1790 le département de la Haute-Garonne fut créé et Grazac fit partie du canton de Gaillac-Toulza.

Le deuxième château de Grazac fut mis sous séquestre puis détruit suite à la Révolution et l'émigration forcée de la famille Advisard en 1791, dont les titres furent brûlés avec d'autres en place publique de Carcassonne le 20 novembre 1793. A ce moment là les parents Alexandre Dadvisard et Victorine de Riquet avaient 43 et 42 ans, et les enfants Catherine, Gabrielle et Alexandre 21, 18 et 7 ans. Cependant la famille devait surtout loger à Toulouse à l'Hôtel Davisard, résidence de famille depuis un siècle. Le château de Grazac devait être leur résidence de campagne. Tombe d'Alexandre Dadvisard à Paris au Père Lachaise.

Un inventaire décrivant le château extérieur et intérieur avait été réalisé peu avant sa destruction (archives de Gaillac). Il s'agissait d'un petit château de campagne composé entre autres de deux tours, sept chambres, un pigeonnier à quatres piliers (comme celui proche de la Vernière) et un parc à allées de charmes. Il possédait une bergerie à la Bourdette.

Il était situé au lieu-dit « le Château » (accessible par le chemin du Château) sur une petite hauteur (voir détail du plan du diocèse de 1789). A cet emplacement on constate sur le plan de 1838 une métairie habitée en 1847 par la famille Amouroux (naissance fille Amouroux). En 1862 un des descendants Davizard a tenté en vain dans une plaidoirie contre le ministère public de récupérer ses biens. Enfin il est probable que le bois communal soit issu d'un bois seigneurial confisqué à la Révolution.

En 1793 nous avons connaissance pour la première fois du nombre d'habitants de la commune, qui étaient 316 (Wikipedia).

Le bourg ancien, avec de rares maisons à colombage du 17e postérieures aux destructions protestantes, est situé autour de la place du village près de la mairie et de l'église dédiée à Saint-Sébastien (17e). Celle-ci est construite sur un promontoire dominant la vallée. Au centre de la place se trouve une fontaine qui était autrefois un puits. Au sud de la place trônait un orme champêtre. A l'emplacement de la mairie/école se trouvait un moulin à vent et la maison du meunier. Voir ce plan de 1802 et ce plan de 1809. A noter que le quartier du Bézinat signifie en occitan le quartier voisin.

La paroisse de Grazac avait pour annexe l'ancienne église de la Madeleine à Auterive aujourd'hui détruite (place de la vieille église), ce quartier n'étant alors que très peu construit et n'ayant plus de pont le reliant à Saint Paul (pont détruit en 1599 et reconstruit qu'en 1832).

En 1796, les contre-révolutionnaires étaient très présents dans la région. Un premier soubressaut, une petite épopée royaliste passa aussi par Grazac. Jean Joseph Elie Goty-Roquebrune de Cintegabelle et trois compagnons, poursuivis par les républicains pour complot/sédition depuis 8 jours et à travers de nombreuses communes du voisinage, passèrent par "la grande forêt de Grazac" dans la nuit des 26 et 27 février 1796, dans le sens Caujac (depuis Saverdun) vers Auribail. Les gardes nationaux du village, prévenus, ne purent les rattraper. L'un d'eux, malade, fut retrouvé dans le bois d'Auribail, un autre séparé du groupe fut tué peu après à 4h du matin après avoir traversé l'Ariège à la nage (probablement aux alentours de Cintegabelle). Goty-Roquebrune fut tué une semaine plus tard. Voir la revue des Pyrénées de 1906.

Suite entre autres à l'insurrection royaliste locale de l'an VII (août 1799), une liste d'otages Grazacois fut réalisée le 1er octobre 1799 (en exécution de la Loi des otages).

L'église de Grazac a été cambriolée et vidée la nuit du 21 avril 1801 (voir le Conseil Municipal de 1803 pour réparer l'église et racheter des ornements).

En 1802 la paroisse de Grazac fit partie à nouveau du diocèse de Toulouse, dont les frontières se copièrent sur celles du département de la Haute-Garonne.

Les pauvres (indigents) de la commune recevaient une rente de 40 francs par an de l'Hôpital La Grave Toulouse, mais après 1791 ces rentent ne furent plus payées. Ils ne recevaient que 20 francs par an issus à priori de la mairie. Les titres officiels étant perdus. En 1803 le Conseil Municipal s'en soucie. Il indique que les Seigneurs de Grazac avaient obtenu ce revenu de 40 francs par an pour les pauvres après avoir donné un bien à l'hôpital.

En 1803 un nouveau chemin d'accès au village fut créé après des études de géomètre assez poussées en 1802 : plan du projet, nivellement et délibération du conseil municipal du 14 février 1803

Empire

Plan du village en 1809.

En 1809, le conseil municipal décide que l'église de Grazac devienne chapelle (église secondaire), car alors réunie à celle de Caujac.

En 1809-1810, construction de la première mairie (maison communale).

En 1810 le canton de Gaillac-Toulza fut supprimé et Grazac fit partie du canton de de Cintegabelle nouvellement créé.

En 1812, réfection du portail de l'église.

En 1812 également, Inventaire des terrains communaux (à la demande d'un baron de l'Empire, titre honorifique créé par Napoléon) : Surface totale 96 arpents (49 à 54 ha), dont en forêts 22 arpents en quart de réserve (12 ha), 22 arpents en réserve gouvernement (12 ha), et 20 arpents à disposition de la commune (11 ha). Les essences exploitées étaient du chêne, hêtre, et tremble.

Si les Grazacois n'eurent plus à souffrir de la guerre sur leur sol, en 1814 ils purent peut-être voir au loin la grande armée anglaise marcher dans la plaine de Cintegabelle et d'Auterive.

Républiques. Evolution du village

En 1830 un écrit du cadastre détaille les limites des propriétés et en 1838 des plans détaillés sont créés : Tableau d'assemblage, section A tableau d'assemblage, section A village, section B tableau d'assemblage. Ces lieux dits portent encore aujourd'hui le nom des familles de l'époque.

En 1834, fondation de la première école primaire publique de Grazac, d'abord uniquement de garçons. Les filles avaient une école congrégationniste, l'"école des soeurs les filles de Jésus".

En 1842 le clocher de l'église fut surélevé.

En 1852 création dans l'église d'une chapelle à la Vierge.

En 1853-1854 la maison Mistou fut transformée en mairie-école : plan de coupe, plan de masse.

Sur les coteaux, l'habitat était éparpillé, les sources d'eau étant assez nombreuses. Mais depuis certaines fermes ont disparu. La ferme Loumaing par exemple (Loumagne sur la carte du Diocèse du 18e siècle) était située sur les hauteurs de Rouge et fut abandonnée vers 1856. L'ancien emplacement de la ferme se situe aujourd'hui dans un bois près du chemin communal.

Au cours du 19e siècle le chemin n°1 (D28E) fut amélioré dans la plaine. On y trouvait un pont datant du début 17e siècle (remplacé après guerre, mais il existe encore non loin un exemple de pont d'époque restauré, sur le chemin entre Auterive et Lagrâce-Dieu). Un nouveau pont fut construit sur le Glaoudis route n°25 (D12) en 1846.

En 1865 création de la bibliothèque scolaire.

Le Chanoine Baurens raconte dans ses mémoires, les préparatifs avec les Grazacois du Triduum (3 jours de prières) de Sainte Germaine de Pibrac (qui venait d'être canonisée), en septembre 1867.

"A Auterive, je montai dans un omnibus qui me déposa au bas de la côte de Grazac. M. le curé m'attendait. Grazac est coquettement situé sur un gracieux plateau, qui baigne ses pentes dans l'Ariège. Les maisons rayonnent, en bon ordre, autour du clocher. Du chevet de l'église, on jouit d'un magnifique panorama embrassant Auterive, Caujac, Cintegabelle. Pendant mon séjour en ce lieu, je ne me lassais pas de contempler et d'admirer ce point de vue inoubliable."

Il y fait aussi les éloges d'une Mademoiselle Piquié présidente de la Congrégation Notre-Dame de la Daurade de Toulouse et de la Congrégation des filles de Grazac. Mes recherches me laissent penser qu'elle s'appelait Amélie Picquié (née en 1817 à Rieux et morte en 1894 à Toulouse 7 rue Cujas), fille la plus jeune du premier maire de Grazac.

Enfin il imagine une origine latine poétique au nom de Grazac, "grata aquis", qu'il traduit par "pays agréable, auprès des eaux".

En 1868, agrandissement du presbytère et achat de la maison de M. Izar.

En juin 1875 eurent lieues les grandes innondations des vallées de l'Ariège et de la Garonne (113 maisons détruites au faubourg de la Madeleine), et la Mouillonne en fit certainement partie.

En 1885, la Monographie de l'instituteur de Grazac indique que le phylloxéra n'a pas encore atteint la commune, et que la vigne occupe 112 ha sur les coteaux (16 % de la commune : vignoble en 1838 et 1850). Il y décrit l'école de l'époque, et le fonctionnement de l'économie de Grazac.

Fin 1886 la Statue de la Vierge fut érigée sur la place de l'Eglise. Dans l'article de la Dépêche sur cet évènement on constate que c'était une époque de tensions sociales et politiques.

En 1894, projet de reconstruction et d'élévation d'une partie de la mairie-école.

Le recensement de 1896 indique que Grazac était alors composée de 92 foyers et de 302 habitants (soit une moyenne de 3,3 personnes par foyer), dont 68 enfants.

En 1901, réparation du clocher et de la façade de l'église.

En 1902, fermeture de l'école congrégationniste de filles (loi 1901).

En 1904 une nouvelle section de "chemin rural de la Croix de Rouge à Montagnol" est approuvée : (article de presse). Il y avait une croix à l'entrée du hameau Rouge. Cette nouvelle section qui est la route principale d'accès au village aujourd'hui a eu pour effet la disparition progressive de la portion (200 m) du vieux chemin en contrebas qui rejoignait le chemin de Buffobent depuis Rouge.

En 1904 également, construction d'un mur de soutènement-clôture autour de la partie est du cimetière.

En 1906 un inventaire de l'église de Grazac est réalisé en exécution de la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'Etat.

En 1909 l'architecte Jean Bézard réalisa les plans de construction du nouveau lavoir-abreuvoir au quartier de Bernadou.

En 1910, nouvelle évolution de la mairie-école.

Guerres mondiales

Guerre 1914-1918. La guerre tua 11 soldats Grazacois de 19 à 38 ans. Le village comptait 233 habitants en 1911.

1914 : Arthur Souliers, Jean-Marie Déjean, Élie Lassalle,

1915 : Justin Marrast, Bernard Berdeil, Alphonse Talayra

1916 : Émile Roque

1917 : Jean-Marie Denjean, Pierre Dupré, Antoine Oustric

1918 : Paul Ambert

En octobre 1914, l'institutrice de Grazac recueille des dons pour les blessés. Suivi en mars 1915 d'autres souscriptions patriotiques, et en mai pour les hôpitaux temporaires. En mai 1916 cet avis de décès annonce la mort à la guerre du frère de l'institutrice (puis remerciements de la famille). Il avait 21 ans, était dactylographe, orphelin de père et la famille vivait à La Bastide-sur-l'Hers. Il avait reçu une citation pour son courage en mai 1915.

Guerre 1939-1945. Après la défaite, entre le 22 juin 1940 et le 11 novembre 1942, Grazac fit d'abord partie de la "zone libre" sous l'autorité du gouvernement de Vichy. Puis avec l'occupation Allemande de la zone libre, la répression s'intensifia. Si on ne note pas d'exactions à Grazac, on en retrouve localement :

A 20 km au sud de Grazac fut construit le camp de concentration du Vernet d'Ariège (1939-1944) : 35.000 personnes internées, 215 mortes du fait des conditions de vie (carnet humoristique) et 6.226 déportées.

Du 9 avril au 24 juin 1944, le cantonnement d'une compagnie SS à Miremont se solda par le meutre de 23 personnes dont 5 en déportation, dont une famille de Caujac. Un peu plus loin à Calmont, le 16 juillet 1944, les Allemands exécutèrent 4 personnes lors de la fête du village.

Grazac et la Haute-Garonne furent libérées les 19 et 20 août 1944.

La guerre tua également le Grazacois colonel Pierre Damério le 21 janvier 1945 au camp de concentration de Buchenwald, à 48 ans. Il avait aussi fait la guerre 14-18 (il habitait alors à Auterive) : blessé en 1916 au thorax, blessé en 1918 à la colonne vertébrale (la balle est restée coincée dans une vertèbre toute sa vie) et prisonnier en suivant, cité 2 fois pour bravoure. Il a incorporé la Résistance Intérieure Française le 3 janvier 1944 (JO 1951) et pour cela a été déporté et mort en Allemagne. Ces documents indiquent qu'il est arrivé au camp le 20 août 1944 venant de Paris, et qu'il résidait à Royat, banlieue de Clermont-Ferrand. Il avait une épouse et un enfant, et est mort de pneumonie. Médaille de l’Ordre de la Libération à titre posthume. Aux archives des hypothèques de Muret, il est indiqué qu'il résidait à la fois à Grazac et Montbrison (entre Clermont-Ferrand et Lyon). En 1921, cet article sur sa légion d'honneur montre qu'il était le beau-frère du maire M. Laffitte (par sa soeur Germaine). Il résidait alors à Constantinople pour son métier, mais il devait passer ses repos à Grazac. Au recensement de la même année la famille habitait à Oren (Moulin d'Oren), dont le père de Pierre, Henri Damério (mort en 1923). Dans l'acte de naissance de Pierre à Tarbes, on voit que son père Henri était également militaire de carrière et a eu aussi la légion d'honneur (il a pris sa retraite à Auterive en 1901). On y voit aussi que Pierre Damério a épousé Nelly Menschaert en 1928 à Ixelles, banlieue de Bruxelles, Belgique. Née à Namur en 1906, fille de militaire de carrière (d'après son acte de naissance), s'est remariée avec M. Vlasto mort en 1981 à Boulogne-Billancourt (archives de Paris). Morte à Aix en Provence en 1999. Pour finir, la famille Laffitte où devait habiter occasionnellement Pierre Damério n'apparaît plus aux recensements de 1926 et 1931, mais habite à nouveau Oren sur celui de 1936.

Des premières vues aériennes de Grazac furent réalisées le 5 mai 1942 : côté village (IGN Remonter le temps).

L'école ferma en 1971 par manque d'effectifs (125 habitants sur la commune) et rouvrit dans un nouveau bâtiment en 1999 (442 habitants) : école maternelle mutualisée avec les communes voisines de Caujac et d'Esperce.

Articles de presse, anecdotes

- catastrophes naturelles :

1885, 18 et 19 septembre. Ouragan de grêle. Maisons du bas du village innondées (ruisseau du Glaoudis, à Rouge). Murs de l'enclos de la famille Picquié emportés : article de presse

1895, 21 mai. Grêle. article 1895, 9 juin. Grêle. article

1930, 2 ou 6 juin. Inondations de la Mouillonne, du Saint-Coulomb et du Calers : article, article, article, article, article

1937, 31 juillet. Inondations et pont en construction emporté : article, article, article, article

- faits divers :

1899 incendiaire et satyre (Auterive-Grazac-Mauressac) : article de presse, article

1905 vol à la boulangerie-épicerie de Grazac : article de presse

1910 homme renversé et blessé par une voiture : article

1911 2 histoires où le lièvre de Grazac ridiculise le chasseur toulousain : article (2 pages)

1912, décembre. Infanticide : article de presse, article, article

1913, juillet. Un Grazacois fait partie des 3 personnes qui ont dégagé le corps de l'aviateur qui, parti d'Auterive, s'est écrasé à Cintegabelle. article

- maires (nommés puis élus à partir de 1884) :

1878 (article 1881), 1884, 1887, 1888 à 1896, 1896 à 1908, 1908, 1910 octobre, 1910 novembre, 1912, 1919, 1925, son prénom, 1929, 1935, 1938 nom du maire de 1935, 1945, 1947, 1953, 1959 à 1990, 1990 et après.

- vie politique et économique :

1887 suite à l'élection : article

1888 omnibus : article

1895 le maire de Grazac est élu au Conseil d'arrondissement du canton de Cintegabelle : article

été 1902, annonce de la fermeture de l'école privée (suite à la loi 1901) et pétition des "mères de familles" de Grazac : article article

1908 avant et après les élections remportées par la républicains contre les "réactionnaires" : article, article, article, article 1909.

1909 Chevalier du Mérite agricole pour Augustin Aribaut Journal Officiel

1909, 1er septembre. Subvention contre la mortalité du bétail et avis aux chasseurs du bois communal : article

1910 échanges politiques houleux par voie de presse : article

1911 Chevalier du Mérite agricole pour Bazile Ricaud, maire Journal Officiel

1912, août. La chasse est réservée (interdite aux extérieurs) : article. Et les chasseurs Toulousains rouspètent : article.

1915, septembre. Comme tout les ans, la préfecture liste les autorisations des coupes de bois, dont à Grazac : article

1920, 11-12-13 septembre. Fête locale article

1915, novembre. Comme la chasse est interdite pendant la durée de la guerre, dispense du paiment du droit de chasse. délibération du conseil municipal.

1944, décembre. Le Front National, mouvement de Résistance d'origine communiste, devait se réunir à Grazac en tant que mouvement politique (qui n'a pas perduré). article

- curés, prêtres de la paroisse de Grazac et des paroisses annexes de Saint-Orens puis de la Madeleine : 1174 Me Mascaron jusqu'à au moins 1203, avant 1312 Me Guidon, après 1312 Me Guillaume d'Ambat, 1755 Jean Monnereau, 1766 Bernard, 1906 M. Delmas

- curés depuis que la paroisse de Grazac est une annexe de celle d'Auterive : 1987 vicaire Pierre Dintilhac, 1997 vicaire Emmanuel Cazanave, 2002-2005 vicaire Vincent Gallois, 2007 Abbé Francis Saphy, 2017 Abbé François Monier, 2023 Abbé Arnaud Richard

- instituteurs et institutrices : 1834, 1838, 1866, 1885, 1903, une institutrice en 1911 jusqu'en 1930 où elle est mutée, 1930-1931, 1931, au moins 1934 mutée 1935, 1938

Sources

(pdf) Inventaire forestier de la Haute-Garonne

Carte du diocèse de Rieux de 1789 comprenant la paroisse de Grazac étendue jusqu'à la Madeleine (aujourd'hui à Auterive).

Carte du diocèse de Toulouse de 1706 où l'on voit les diocèses limitrophes et Grazac au sud.

Le Canton d'Auterive, collection Églises et Chapelles de la Haute-Garonne / Louis Latour et Arec 31, Empreinte, 2001.

Auterive, dis-moi ton histoire / Jean Marc David, TheBookEdition, 2022.

En ce qui concerne Geneanet, les sources des biographies n'ont pas toujours pu être consultées.

Le peuplement de la haute vallée de la Garonne vers l'An Mil, Paul Ourliac, Annales du Midi, 1990

La succession des comtes de Toulouse autour de l'an mil (940-1030) : reconsidérations, Martin de Framond, Annales du Midi, 1993

Atlas historique de la province de Languedoc

(pdf) Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans et Comminges, Programme collectif de recherche, 2010

Clermont sur Ariège, Archéologie et Histoire / P.-E. Ousset et G. Labit, 1934.

Canton de Cintegabelle, Pages d'histoire / Roger Ycart, 1993

Carte des Provinces ecclésiastiques dont celle de Toulouse et ses diocèses dont Rieux et Mirepoix, vers 1650.

Cintegabelle, Châtellenie Royale en Pays Toulousain / Roger Armengaud et Roger Ycart, imprimerie Begué, 1989.

Dans les pas du Prince Noir, Le chemin vers Poitiers 1355-1356 / Peter Hoskins, L'Harmattan Historiques, 2011. carte du passage à Cintegabelle, carte du trajet retour dans la région. L'armée du Prince de Galles a été estimée à 6 à 7000 combattants dont 2600 anglo-gallois, 10000 hommes en tout en comptant les accompagnants, plus 14000 chevaux dont 1000 pour le transport de 100 chariots de bagages et équipements.

Carte du diocèse de Mirepoix, et Carte du diocèse de Toulouse en 1789.

Le Patrimoine des Communes de la Haute-Garonne, Tome 1, Flohic, 2000.

Historique du village sur plans de 1838 modifiés : ancien château, village, Nord-Est. Origine des images : Wikipedia et AD 31.

Carte d'État-major de la France, Feuille Pamiers N.O., 1850

Autres liens

Historiques sur les sites internet des communes de Grazac, Auterive, Esperce, Caujac et Cintegabelle

Page Wikipedia de Grazac

photos de 1917 (Labouche frères) : la mairie et les écoles, la place, l'église

autres cartes postales anciennes : l'Esplanade, l'église

vues d'avion de tourisme récentes

Histoire de Grazac résumée

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